La numérisation des archives et institutions culturelles est désormais perçue comme une priorité pour de nombreux pays désireux de préserver leur patrimoine tout en facilitant son accès au plus grand nombre. En République Démocratique du Congo (RDC), cette transformation numérique constitue un axe stratégique pour moderniser les infrastructures culturelles du pays et garantir une conservation à long terme de son héritage. La Bibliothèque nationale du pays, emblème de la culture congolaise, se trouve au cœur de cette dynamique.
Le 9 décembre, lors d’une rencontre avec l’ambassadeur de France en RDC, Remy Maréchaux, le député Léonard She Okitundu a mis en avant la nécessité de moderniser cette institution cruciale, soulignant l’importance de l’accompagnement international pour assurer la réussite de ce projet. Selon lui, la RDC, en tant que premier pays francophone, a un rôle à jouer dans la préservation et la valorisation de la langue française, et cela passe par la mise à niveau de sa bibliothèque nationale. L’objectif est clair : permettre une meilleure diffusion du savoir et préserver les ressources culturelles qui risquent, sans une numérisation adéquate, de se détériorer au fil du temps.
La Bibliothèque nationale, fondée en 1989, regroupe une immense richesse documentaire, notamment plus de 120 000 ouvrages et près de 700 000 photographies anciennes. Pourtant, malgré la valeur inestimable de ces collections, l’état actuel de l’infrastructure fait face à de nombreux défis. En plus des risques liés à l’usure du temps, des événements comme des incendies ou des inondations pourraient entraîner une perte définitive de ces archives, ce qui constitue un risque pour le patrimoine historique du pays. D’où l’urgence de mettre en place une solution numérique pour protéger et préserver ces documents uniques.
L’idée de numériser cette immense base de données est d’autant plus pertinente qu’elle permettrait non seulement de protéger le patrimoine culturel, mais aussi d’en améliorer l’accessibilité. En offrant une version numérique des archives, la RDC pourrait permettre à des millions de personnes d’accéder à ces trésors historiques à travers des plateformes numériques. Ce processus offrirait un accès démocratique à l’information, favorisant la diffusion de la culture congolaise à une échelle mondiale.
Au-delà de la sauvegarde des ressources culturelles, cette numérisation contribuerait également à l’ouverture de la RDC sur le monde en matière de recherche et d’éducation. Des chercheurs, étudiants et historiens du monde entier pourraient consulter ces archives en ligne, enrichissant ainsi les études sur le patrimoine et l’histoire de la RDC. Ce projet s’inscrit dans une vision plus large portée par le Plan National du Numérique « Horizon 2025 » qui cherche à moderniser l’ensemble des infrastructures du pays. Le soutien de la France à cette initiative, dont l’ambassadeur Maréchaux a évoqué la possibilité de financement, est un élément clé dans ce processus de transformation numérique.
Le rôle de la coopération internationale dans la réussite de ce projet ne peut être sous-estimé. Il ne s’agit pas simplement de fournir une aide financière, mais aussi d’apporter une expertise technique et logistique dans le domaine de la numérisation et de la conservation des archives. La France, avec ses compétences en matière de gestion du patrimoine culturel, pourrait jouer un rôle déterminant pour accompagner la RDC dans la réalisation de cette ambitieuse modernisation. Ce soutien pourrait également déboucher sur une collaboration plus large, favorisant l’échange de bonnes pratiques et l’implantation de projets similaires dans d’autres pays d’Afrique centrale.
Il est donc indéniable que la numérisation de la Bibliothèque nationale de la RDC représente une avancée significative non seulement pour la protection du patrimoine, mais aussi pour l’amélioration de l’accès à la culture et à l’information. Si ce projet prend forme, il pourrait bien devenir un modèle pour d’autres nations africaines désireuses de relever les défis de la conservation numérique. Le défi reste de convaincre les partenaires internationaux de l’importance de cet engagement, et de trouver les ressources nécessaires pour garantir la pérennité de cette transformation.
Hilaria KOSI