Par Jeff Kosi, Entrepreneur, Rédacteur en chef de Startup-agenda.com
Dans un monde en perpétuelle mutation, l’accès à Internet demeure un enjeu majeur. Alors que près de 2,6 milliards de personnes à travers le globe sont encore privées de ce précieux sésame numérique, la quête d’une connectivité fiable et étendue prend des allures de course effrénée. C’est dans cette optique que le mastodonte américain du commerce en ligne, Amazon, a dévoilé son projet ambitieux : le Projet Kuiper.
Le 6 octobre dernier, Amazon a concrétisé une partie de ses ambitions en lançant les deux premiers satellites de sa future constellation, qui en comptera pas moins de 3 236. Le Projet Kuiper a pour vocation de combler le fossé numérique en proposant des services Internet haut débit à faible latence grâce à une armada de satellites en orbite basse autour de notre chère planète. Il s’agit d’un créneau déjà investi par Starlink, l’entreprise d’Elon Musk, mais Amazon entend bien jouer sa partition.
L’objectif du Projet Kuiper est limpide : fournir une connectivité rapide et abordable aux populations jusque-là sous-connectées ou mal desservies par les infrastructures de communication traditionnelles. Pour ce faire, Amazon a d’ores et déjà alloué une somme colossale de 10 milliards de dollars à ce dessein.
Rajeev Badyal, le vice-président de la technologie du Projet Kuiper, a souligné l’engagement de l’entreprise envers la qualité, la fiabilité et la valeur des services proposés. Il a déclaré : « Notre objectif avec le projet Kuiper n’est pas seulement de connecter les communautés non desservies et mal desservies, mais également de les ravir par la qualité, la fiabilité et la valeur de leur service. Dès le premier jour, chaque décision technologique et commerciale que nous avons prise s’est concentrée sur ce qui offrira la meilleure expérience aux différents clients à travers le monde, et notre gamme de terminaux clients reflète ces choix. »
Pourtant, Amazon doit rattraper son retard face à Starlink pour s’imposer sur ce marché concurrentiel. Le géant du commerce électronique devra mettre en orbite plus de 1 500 satellites d’ici 2026 afin de conserver la licence d’exploitation qui lui a été accordée en 2020 par la Federal Communications Commission des États-Unis. Starlink, filiale de SpaceX, peut déjà se vanter d’avoir dépassé la barre des deux millions d’utilisateurs actifs à travers le monde, et ses ambitions se tournent désormais vers l’Afrique.
Alors que Starlink n’est présent que dans six des 23 pays initialement annoncés en début d’année, les barrières réglementaires compliquent son expansion. Cependant, il convient de noter que le coût de ses équipements reste prohibitif pour le citoyen moyen du continent africain.
Au début du mois, Starlink a abaissé le prix de ses équipements de 21 % au Nigeria, passant de 378 000 nairas (environ 487 $) à 299 000 nairas. Le président kényan, William Ruto, a également appelé la société à réduire ses tarifs en septembre dernier. Actuellement, les consommateurs kényans doivent débourser 89 000 shillings kényans (environ 595 $) pour l’acquisition du matériel, auxquels s’ajoutent des frais de livraison de 3 100 shillings. En Zambie, l’équipement coûte 10 774 kwachas (environ 505 $).
Alors, la question qui se pose est : Amazon pense-t-il aux marchés africains ? La multinationale américaine prévoit de proposer trois modèles d’antennes à ses clients. Amazon a révélé que le coût de production du modèle standard avoisine les 400 $. Cela implique que le prix de vente dépassera ce montant. Bien que cela constitue une dépense unique, qu’elle soit supérieure ou inférieure aux tarifs pratiqués par Starlink sur les marchés africains, elle reste élevée.
Il est important de rappeler que moins de 10 % de la population en Afrique bénéficie d’une connexion Internet à haut débit. C’est le taux le plus bas au niveau mondial. Outre les limites inhérentes aux réseaux traditionnels, la connectivité satellite demeure la solution la plus prometteuse pour atteindre les zones reculées et sous-connectées.
Il est encore trop tôt pour affirmer que le Projet Kuiper d’Amazon a les marchés africains dans son viseur. Néanmoins, une chose est certaine : Amazon s’engage à offrir une expérience de qualité en matière de connectivité haut débit à faible latence. La question qui se pose désormais est de savoir si Amazon saura rivaliser avec Starlink sur les marchés africains en proposant des services à un tarif abordable. Le match ne fait que commencer, et la bataille pour la connectivité en Afrique s’annonce acharnée.